Éditorial "Le syndrome PERRICHON" En êtes-vous atteint ? Connaissez-vous ce syndrome ? Ne pas confondre avec « Berrichon » !
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Ce syndrome est bien connu de tout le monde. Relisez « Le voyage de Monsieur PERRICHON »* d’Eugène LABICHE. Je vous le résume : Monsieur PERRICHON lors d’un voyage en montagne a failli tomber dans une crevasse. Il se met à ne plus supporter, voire à haïr la personne qui l’a sorti de ce faux-pas, qui cependant eut pu lui être fatal. Ce syndrome se vérifie chaque fois que quelqu’un fait tout ce qu’il peut pour éliminer la personne envers qui il a une obligation, une dette. Cette reconnaissance qui lui semble trop grande le met évidemment dans l’impossibilité de lui rendre la pareille. Comment se termine l’affaire de Monsieur PERRICHON ? Il va être condamné à faire amende honorable.
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* Cette pièce a été jouée autrefois par les élèves du collège Saint Joseph devant les enfants du patronage Saint Joseph et leurs parents, ceci permettait de toucher du doigt ce qu’était la reconnaissance. Son tempérament va être à l’origine d’autres malencontreuses déconvenues, dont certaines vont nécessiter que la justice s’en mêle. Et la justice n’a aucun mal à donner raison à ses adversaires. Notre paquebot de Saint Joseph-Les Feuillants ayant dans le passé déjà essuyé mille tempêtes, a naturellement rencontré des « Perrichons » tout au long de son parcours. Saint Jean Bosco, avait lui aussi rêvé d’une tempête terrible dans l’Eglise, et celle-ci ne cessait que lorsque l’on s’adressait à Dieu par Marie dans la prière et que l’on vivait des sacrements. C’est un bon conseil à suivre. Pierre GANDON
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Les aquarelles illustrant cet article sont de Marie-Hélène FAVREAU, nièce de Mgr François FAVREAU. Elle est professeur d’arts graphiques et architecte de formation. Elle a peint des aquarelles du Lycée des Feuillants et des vues de Poitiers, elle est joignable au 05 49 62 32 27, si cela vous intéresse.
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La rentrée judiciaire à Notre-Dame la grande.
Messe et colloque.
 « Que les conflits aident les uns et les autres à grandir, et à renoncer à la molle conviction qu’on peut s’entendre sur tout ». L’aumônerie du monde juridique de Poitiers trouve son origine dans l’Aumônerie universitaire catholique poitevine. C’est en 1933 que le professeur René SAVATIER, ancien élève de Saint Joseph avait appelé le Chanoine Georges DURET, alors professeur de Philosophie au collège Saint Stanislas, à devenir l’aumônier de la paroisse universitaire (voir Bernard COMTE – L’honneur et la conscience - Catholiques Français en résistance – 1940-1944 - pages 204 et 205 - Editions de l’Atelier). En Janvier de chaque année la messe du monde juridique est célébrée en l’église Notre-Dame la Grande à Poitiers. Elle est précédée d’un colloque qui a lieu dans les locaux de la faculté de droit en début d’après-midi. Le colloque et la messe réunissent à l’invitation du père Patrice GOURRIER, aumônier du monde juridique, de Monsieur le Bâtonnier de l’ordre des Avocats à la Cour et de Monsieur le Doyen de la Faculté de droit, tous ceux qui parmi les magistrats, avocats, enseignants et étudiants et représentants de Monseigneur l’Archevêque de Poitiers veulent bien y consacrer un après-midi. Depuis janvier 2009 grâce à une nouvelle impulsion du père Patrice GOURRIER, de Monsieur le Bâtonnier et de Monsieur le Doyen de la Faculté de Droit, le colloque débute à 14 heures au lieu de 17 heures pour se terminer vers 18 heures, laissant quelques instants aux participants pour se désaltérer à la buvette de la Faculté.
Une bonne centaine de personnes était présente au dernier colloque du 30 janvier 2009. A 19 heures fut célébrée en l’église Notre-Dame la Grande, selon une ancienne tradition poitevine, la messe du Saint-Esprit, qui est devenue la messe du monde juridique. Elle est célébrée par Monseigneur l’Archevêque ou l’un de ses plus proches collaborateurs avec la participation de Monsieur le Bâtonnier, qui détient la main de justice et bien sûr d’avocats à la Cour. La main de justice en ivoire, fait référence à l’emblème royal de la justice et à la justice divine, car les deux doigts levés rappellent le Christ bénissant de la droite. Or, la justice était la première fonction exercée par les rois, et la royauté dans l’Evangile est une royauté de justice uniquement, avec le Christ comme avocat et Paraclet, c’est à dire comme défenseur.
La main de justice du Barreau de Poitiers faite dans une défense en ivoire, fut offerte par Mgr AUGOUARD en remerciement pour les dons faits par les avocats du barreau à sa mission en Afrique. Grâce à ces dons, il libérait des esclaves au Congo où il resta quarante trois ans, en les rachetant pour une pipe par-ci, un fusil par-là. Il lui fallait de plus ensuite les nourrir. Cette messe était cinq fois séculaire, quand on a arrêté de la célébrer le 22 décembre 1900. La messe du Saint-Esprit ou « messe rouge » en raison de la couleur des ornements sacerdotaux et des robes des magistrats présents, est traditionnellement la messe de rentrée du monde juridique, (cette messe est aussi célébrée juste avant un conclave pour implorer l’Esprit Saint). Cette messe est décrite dans l’ouvrage : « Histoire de la Magistrature Française, des origines à nos jours » Marcel ROUSSELET, 1er Président de la cour d’appel de Paris - Librairie PLON - Janvier 1957. Ce personnage est célèbre par sa démission retentissante quand le Général de Gaulle a créé les Tribunaux
d’Exception pour l’Algérie (Cour de sûreté de l’Etat), création à laquelle il était opposé. Cette messe donc avait lieu à la Saint Martin, c’est à dire le 11 novembre. On se souvient que Saint Martin avait partagé son manteau, donnant la moitié qui lui appartenait en propre et gardant celle appartenant à l’armée, dont il dépendait. Saint Martin avait gardé son manteau de l’armée romaine qui était à l’époque blanc et non de couleur rouge comme on l’a longtemps pensé, mais il avait donné la totalité de ce qui lui appartenait, c’est à dire la doublure en peau de mouton qui lui était personnelle, achetée de ses propres deniers pour résister au froid du Nord, il avait donc donné la partie la plus chaude au pauvre. Ce détail a été le fruit de recherches historiques de la part de BRUNOR et de Dominique BAR qui ont écrit et dessiné la bande dessinée intitulée « Martin, partager la vérité » chez Mame-Edifa, qui vient de sortir. Elle a été conçue après des recherches méticuleuses sur le plan historique de la part des auteurs.
 Ce respect de la justice est la raison pour laquelle Saint Martin est demeuré le Saint patron de la justice, avant que St Yves quant à lui, ne devienne celui des avocats. Un détail intéressant à noter, le palais de justice d’Amiens a précisément été construit à l’endroit où le partage du manteau a eu lieu. La cape de Saint Martin serait d’ailleurs même à l’origine du mot « capet », nom donné à la dynastie des rois capétiens, dont la fonction était précisément de rendre la justice. La messe était suivie de l’audience de rentrée, au cours de laquelle avaient lieu les prestations de serment et les affectations, et d’un dîner où tout le monde juridique se retrouvait. Durant ce dîner un magistrat prononçait un discours sur un sujet historique ou de culture générale en rapport avec la justice. Parmi les thèmes, qui ont été abordés lors de ce colloque ces dernières années, on peut relever : En janvier 2006 : L’euthanasie, En janvier 2007 : Le droit et l’équité, En janvier 2008 : Peut-on traiter les adolescents comme les adultes ? Et voici les thèmes qui ont été abordés, le 30 janvier 2009 par les différents intervenants : La justice et la loi dans la Bible : Mgr Pascal WINTZER, évêque auxiliaire de Poitiers, La justice au Moyen-Age, celle de l’Evêque et celle du Seigneur : Monsieur Didier VEILLON, Maître de conférence à la Faculté de Droit, Nos peurs : Monsieur le Professeur Jean Louis SENON, Chef de service à l’Hôpital Henri Laborit. Requérir au nom de qui ? Requérir pourquoi ? : Monsieur Frédéric CHEVALIER, Magistrat au Parquet Général de la Cour d’Appel de Poitiers. Défendre sur quels principes ? : Maître Emmanuel BREILLAT, Avocat à la Cour. Le droit de se constituer partie civile devant les juridictions pénales : Monsieur le Bâtonnier Jean-Charles MENEGAIRE. Avant le prochain colloque du monde juridique l’an prochain, l’on peut retenir de l’intervention de Monseigneur Pascal WINTZER « que les conflits aident les uns et les autres à grandir, et à renoncer à la molle conviction qu’on peut s’entendre sur tout ». Bruno-Marie LARDEAU
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